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quels livres dans ma valise ?

L’été approche et vous êtes nombreux à m’avoir demandé une petite sélection de livres à emporter dans votre valise, la voici, évidemment elle n’est pas exhaustive... il y a tellement d’auteurs et de bonheurs à lire mais pour moi, ces cinq-là sont des incontournables de vos vacances ;-) Bonne lecture et bonnes vacances !

Vers la beauté - David Foenkinos 

Vous avez déjà rêvé de tout plaquer pour changer de vie ? Antoine Duris l'a fait... Pour une lourde raison, un drame resté secret. Professeur aux Beaux-Arts de Lyon, il devient gardien de salle au musée d'Orsay. Personne ne comprend ce choix, mais avec ce nouveau travail, il espère trouver du réconfort dans le beau et surtout oublier la jeune Camille. Je ne vous en dis pas plus mais avec ce roman David Foenkinos nous rappelle que contempler la beauté permet parfois de cicatriser certaines blessures et de retrouver du sens. Comme toujours avec David Foenkinos vous trouverez dans cette lecture de la sensibilité, de la tendresse et du second degré mâtiné de désespoir. Un délice. 

La disparition de Stephanie Mailer - Joël Dicker

Après plus de vingt ans de carrière au sein de la police, Jesse Rosenberg décide de prendre une retraite bien méritée. Une cérémonie d'adieu est organisée pour l'occasion. Stéphanie Mailer, journaliste, le prend à part et lui affirme qu'il s'est trompé de coupable dans l'affaire la plus importante de sa carrière. Le lendemain, voulant en avoir le coeur net, il décide de la contacter. Problème, elle a disparu à son tour... Si vous avez aimé La Vérité sur l’affaire Harry Québert, vous dévorerez ce nouveau polar, une histoire pleine de rebondissements qui ne vous lâche pas, un vrai « page-turner ». Idéal pour les vacances.

Couleurs de l’incendie  - Pierre Lemaitre

En 2013, Pierre Lemaitre avait reçu, vous vous en souvenez sûrement, le prix Goncourt pour son roman Au revoir là-haut, une fresque haletante construite sur les ruines de la Grande Guerre.  Il livre cette année avec Couleurs de l’incendie la suite de son roman. Cette fois-ci, nous sommes dans le Paris des années 30 et nous suivons le parcours de Madeleine Péricourt, héritière d’un empire financier qui en quelques heures se retrouve ruinée. Au fil des pages, on partage les combats de cette femme pour reconstruire sa vie face à la cupidité des hommes, à la corruption de son milieu, à une époque où le capitalisme féroce s’affirme et le fascisme monte. C’est une nouvelle fois un roman qui se dévore. Si vous aimez Pierre Lemaitre la bonne nouvelle c’est qu’il n’en a pas fini avec cette fresque : Couleurs de l’incendie est le 2ème volet d’une trilogie inaugurée donc par Au revoir là-haut et dont la conclusion est prévue pour 2019. 

Ma grande - Claire Castillon 

On ne connaît pas leurs prénoms. Elle est « Ma grande » et lui, très vite, « gros naze ». Claire Castillon décortique quinze ans de la vie d’un couple qui n’en a jamais été un. Un homme rencontre une femme à la piscine municipale. Coup de foudre. Ils se mettent en ménage. Très vite, leur relation se dégrade, elle le maltraite, l’humilie, il se laisse faire... Par faiblesse ? Par lâcheté ? À vous de juger. Ce drame du quotidien devient un thriller... L’homme blessé va tuer, plus exactement liquider (Puisqu’il n’y a plus aucune trace d’elle), celle qui le détruit chaque jour un peu plus... Comme toujours avec Claire Castillon, c’est insidieux, douloureux, mordant, grinçant et d’une effroyable justesse. Comment le huis clos d’un couple se transforme en un combat qui dit : « Ce sera toi ou moi ». À la vie, à la mort. Glaçant. 

Mon frère - Daniel Pennac 

2007. Daniel Pennac est en deuil, son frère Bernard, son aîné, adoré et admiré, est emporté par une septicémie après une opération de la prostate. Une perte qui l’anéanti. Son frère, c’était sa béquille, son mentor, celui qui lui disait : non tu n’es pas un cancre, non tu n’es pas un bon à rien, oui tu as de la valeur. Comment vivre sans lui ? Daniel Pennac ne tient plus debout, ce deuil fait de lui un homme bancal alors qu’il connaît pourtant au même moment un immense succès avec Chagrin d’école, Prix Renaudot... Le temps passe, en 2009 Daniel Pennac décide de monter pour le théâtre l'étrange nouvelle d'Herman Melville, Bartleby le scribe un texte qui le hante depuis son adolescence, mais surtout un texte qui le rapproche tous les soirs de son frère. Car c'est Bernard qui lui a donné le goût de la lecture et de la dérision et qui lui a fait connaître ce chef-d'oeuvre de l'absurde. Et alors qu’on découvre (ou re-découvre) la pièce, défilent les souvenirs autour de Bernard, l'enfant chéri de la famille : les balades le long de la rivière, la force de l'amour fraternel, son refus de dramatiser sa maladie et aussi la pudeur entre les frères, leurs conversations et leurs non-dits. C’est superbe, ça vous noue la gorge, ça vous balade entre larmes et sourires. J’ai un absolu coup de cœur pour ce cri d'amour à ce frère disparu en laissant un trou au cœur. 

une rentrée à la page

Vous êtes nombreux à m’avoir demandé une petite sélection de livres pour cette rentrée 2018, j’ai donc décidé aujourd’hui de vous proposer quatre ouvrages qui, je pense, devraient vous plaire.

On commence par «Jours brûlants à Key West» de Brigitte Kernel. 

 

Nous sommes en avril 1955, Françoise Sagan, dix-neuf ans, est alors en tournée promotionnelle aux États-Unis à l’occasion de la sortie américaine de Bonjour tristesse. Fatiguée par le rythme intense des interviews, des séances photo et des dîners mondains, elle ne veut plus quitter sa chambre d’hôtel. Tennessee Williams qui est en train de corriger «La Chatte sur un toit brûlant», l’invite alors à le rejoindre à Key West où il demeure. Il n’est pas seul : Frank Merlo, son amant, vit aussi dans cette maison du 1431 Duncan Street ainsi que Carson McCullers, l’auteur du roman culte «Le Cœur est un chasseur solitaire», dont l’état de santé est inquiétant et qui vient de s’y installer pour un temps indéterminé. Huit ans plus tard, juste avant sa mort en 1963, Frank Merlo décide de raconter ces deux semaines, ces jours brûlants à Key West, qui ont bouleversé sa vie. C’est donc Brigitte Kernel qui se glisse dans la peau de Franck Merlo et nous fait vivre de l’intérieur ces 15 jours au plus près de ces géants de littérature. Si au début, l’arrivée de Françoise Sagan apporte un souffle nouveau à ce huit clos grâce à sa fraîcheur, sa jeunesse, son humour, sa maturité intellectuelle, au fil des jours la jeune femme va entraîner une certaine confusion des sentiments dans le groupe. Tel un chien dans un jeu de quille, elle va bousculer les uns et les autres et inconsciemment mettre le feu aux poudres en déclenchant passion, jalousie, violence... Rien ne sera plus comme avant. Brigitte Kernel met en scène avec brio une intrigue brûlante, on est happé par les rebondissements en cascade, la finesse et la dissection des portraits psychologiques des différents personnages, le tout dans un décor et un lieu mythique. Des «monstres» de la littérature ressuscités avec finesse et sans concession. Imparable. 

On continue dans la dissection des âmes avec «Microfictions» de Régis Jauffret. Comme le précèdent volume paru en 2007 «La Blanche», ce nouveau «Microfictions» est un livre hors normes qui rassemble cinq cents petites histoires. Les textes sont classés par ordre alphabétique, d'«Aglaé» à «Zéro baise». C’est un défilé de narrateurs et de narratrices qui viennent raconter leurs vies tout à la fois banales et monstrueuses… C’est le déballage au grand jour de vie ordinaires émouvantes et cruelles. Des histoires édifiantes et dérisoires. On découvre sous nos yeux au fil des pages une fresque expressionniste d’une grande normalité et d’une grande cruauté voire d’une grande barbarie. Une humanité contemporaine pathétique au bord du gouffre. Régis Jauffret parle de nous, des multiples visages de notre société et l’effet d’accumulation amplifie le réel. Il fait jaillir du drame, le cocasse, ou de l’amour, la cruauté. Les situations les plus ordinaires menacent à chaque instant de déraper dans le conflit et l’absurde. On lit avec le souffle coupé ce constat éprouvant. Sombre et magistral.

Si malgré la description de notre humanité contemporaine au bord du gouffre vous rêvez d’immortalité, alors il vous faut lire le dernier livre de Frédéric Beigbeder «Une vie sans fin». Frédéric Beigbeder a 50 ans, ses parents ne sont plus, il refuse de capituler devant de la mort et surtout devant le chagrin de sa fille à qui il fait une promesse : il ne mourra pas. Il lui est, écrit-il «impossible de décéder sans réagir». Et voilà un homme revenu de ses frasques, effrayé par sa mort, qui se jette dans une quête folle et absurde : l’immortalité. Une quête qui le fait voyager et rencontrer notamment médecins et scientifiques qui lui révèlent les secrets du génome, de la thérapie génique, du séquençage de l’ADN, des cellules souches, bref tout y passe mais rassurez-vous, même si, comme l’auteur, vous n’y comprenez pas grand chose, l’essentiel est ailleurs... L’essentiel c’est cette quête métaphysique qui passe comme toujours chez Beigbeder par l’humour, le second degré, l’impertinence, parfois l’arrogance, une bonne dose de cynisme mais l’érudition toujours et aussi l’amour qui décidément semble être à la fois le moteur et la solution à tous les doutes métaphysiques... 

Je termine cette petite sélection de la rentrée par le dernier roman de Delphine de Vigan «Les loyautés». Il raconte les destins croisés de quatre personnages. Théo, enfant écorché de parents divorcés, Mathis, son ami qu’il entraîne sur des terrains dangereux, Hélène, professeur de collège à l’enfance violentée qui s’inquiète pour Théo et reconnaît dans son silence une douleur qu’elle a absorbée, Cécile la mère de Matis qui voit son équilibre familial vaciller après la découverte d’un secret au cœur de son couple. Delphine de Vigan se livre à une exploration des loyautés qui les unissent ou les enchaînent les uns aux autres. Delphine de Vigan décrit de façon clinique, détachée, ces liens entre les êtres, ces promesses qui sont à la fois des bras qui enlacent mais aussi des entraves. A travers sa narration rigoureuse presque austère on observe les uns et les autres se débattrent comme ils peuvent pour vivre. Poignant.

s'il te plaît, dessine-moi un mouton !

 

Aujourd’hui, je vais vous parler d’une lame de fond qui prend de l’ampleur depuis 2013, une activité qu’on a cru réservée aux enfants mais qui cartonne chez les adultes : le coloriage ! Oui vous avez bien lu, le coloriage…

 

Il fut un temps, pas si lointain, où les coloriages servaient essentiellement à occuper nos bambins pour les longs trajets en TGV, en avion, ou bien lorsque les dimanches pluvieux empêchaient de les faire courir dehors. Mais ça, c'était avant. Difficile en effet d'échapper désormais à cette nouvelle mode du coloriage pour adultes.

Ces coloriages se déclinent sous toutes les formes : simples dessins disponibles gratuitement sur Internet, cahiers reproduisant les monuments de Paris ou les œuvres des musées et vendus dans les grands magasins, albums de mandalas réputés pour leurs vertus anti-stress ou encore, ultime consécration, ouvrages de luxe édités à prix d'or.

J’ai voulu en savoir plus sur cette tendance et j’ai lu ce qu’en disent les psychologues et autres sociologues interrogés dans la presse. D’après eux, plusieurs facteurs expliquent ce plébiscite. Les coloriages pour adultes s'inscrivent dans la grande vague des livres qui parlent de bien-être et il y a semble-t-il une vraie demande autour de ce qui touche à la lutte contre le stress et à la méditation.

Par ailleurs, dans un monde de stress où tout va vite, où nous sommes tous hyper connectés et qui nous sollicite tout le temps, ces carnets répondent à un besoin de calme et de détente. Bref, c'est une activité manuelle qui nous vide l'esprit et nous fait du bien. Les maisons d'édition l’ont bien compris, elles surfent allègrement sur la mode du "bien-être" et évidemment se sont jetées sur les coloriages qui se vendent comme des petits pains.

Mais attention, certains de ces livres mettent même en avant le mot "art-thérapie". Pour les psychologues, ils n'en relèvent pas car l'art-thérapie est une discipline à part entière qui apporte de l'aide à une personne en souffrance à partir d'un domaine artistique (la danse, l'art plastique, le théâtre ou la musique) et il faut le pratiquer avec un art-thérapeute. Or, le coloriage n’en nécessite pas. Et en art-thérapie, il y a une notion de souffrance à exprimer et ce n’est pas le cas quand on fait un simple coloriage.

Passer du temps à colorier, ça prend du temps, ça capte l'attention, ça détend. En revanche, si on est vraiment stressé et si on souffre de stress pathologique ça ne servira pas à aller mieux, voilà qui est dit.

Le coloriage pour adulte relève donc du loisir relaxant certes, et c’est déjà pas mal… Alors, si vous avez succombé à la vague du coloriage ou si vous voulez y succomber je vous ai fait une petite sélection.

Et voilà ... il n'y a plus qu'à vous détendre. Bon coloriage !

quel cliché !

Vous savez comme j’aime les artistes et les expositions et ce mois de septembre à Paris recèle d’expos incontournables notamment pour les amateurs, comme moi, de photographie.

Je vous en ai donc sélectionné trois. Trois artistes, trois parcours, trois talents à ne  louper sous aucun prétexte.

Tout d’abord un petit tour à la Maison européenne de la photographie pour admirer l’expo GHOST STORIES de Liu Bolin. Liu Bolin est né en 1973 dans la province de Shandong, à l’est de la Chine. Il étudie à l’Académie des Beaux-Arts du Shandong avant d’obtenir son diplôme au Beaux-Arts de Pékin en 2001. Il vit et travaille à Pékin. Ce sculpteur, performeur et photographe est surnommé "l’homme invisible". Et pour cause, cet homme-caméléon pose pendant des heures devant un mur, un paysage ou un monument pour arriver à se fondre dans le décor – les yeux fermés, sa silhouette à peine visible – avec l’aide des ses peintres-assistants, sans aucun trucage numérique. À la fin du processus de camouflage, il fige la performance grâce à la photographie. Il présente dans cette exposition à caractère rétrospectif des photographies issues des quatre grands thèmes abordés dans son œuvre depuis plus de dix ans : la politique et la censure, la tradition et la culture chinoise, la société de consommation et la liberté de la presse. Ses clichés, souvent ludiques, sont également porteurs d’une forte charge symbolique. Caché devant un drapeau, il nous montre comment l’individu se perd dans une identité collective. Noyé dans le rayon d’un supermarché devant des canettes de boissons importées, il dénonce la société de consommation.

Ses œuvres mêlant photographie, body art, art optique et sculpture vivante sont bluffantes , étonnantes, percutantes. J’adore !

Maison européenne de la photographie

5/7 rue de Fourcy, 75004 Paris

Autre expo incontournable : celle du maitre Irving Penn au Grand Palais. En partenariat avec le Metropolitan Museum of Art de New York, le Grand Palais rend hommage à cet artiste talentueux, célèbre pour ses photographies de personnalités majeures telles que Pablo Picasso, Yves Saint Laurent, Audrey Hepburn, Alfred Hitchcock, etc. Son travail se caractérise par une élégante simplicité et une rigueur remarquable, du studio jusqu’au tirage auquel Penn accorde un soin méticuleux. Resté fidèle à la photographie de studio, il crée, dans chaque portrait, une véritable intimité avec son modèle, qui constitue la signature d’Irving Penn.

Cette «rétrospective du centenaire» brasse soixante-dix années d'une carrière incroyablement riche, en plus de 235 tirages photo entièrement réalisés du vivant de l'artiste et de sa main, vous découvrirez aussi des dessins et peintures. Le travail d’Irving Penn devrait vous couper le souffle par sa beauté, sa précision, sa netteté sans cesse répétée. À voir absolument.

Grand Palais 3, av. du Général-Eisenhower (VIIIe).

Dernière exposition photo à ne pas louper en ce mois de septembre, l’expo Traverser de Raymond Depardon à la Fondation Henri Cartier-Bresson. Écrivain, photographe et réalisateur, Raymond Depardon est un touche-à-tout de talent. Cette exposition s’articule autour de quatre axes : La terre natale en dialogue avec Le voyage puis La douleur en dialogue avec L’enfermement. Avec l’écriture comme fil d’Ariane, cette exposition invite à une traversée de l’œuvre de l’artiste depuis ses premiers pas à la ferme du Garet jusqu’à aujourd’hui. Pour Raymond Depardon, l'écriture et le cinéma offrent deux temporalités différentes : pour l'écriture, il s'agit d'imposer son rythme face à ce qui se présente, être à l'écoute de soi. A contrario, le cinéma, c'est avant tout l'écoute de l'autre. Le travail du photographe se comprend par le rejet d'une rhétorique de la compassion au profit d'images banales, calmes, sans éloquence particulière mais chargées de sentiment. L’exposition présente une centaine de tirages, textes, film et documents de l’auteur. Un voyage que vous ne regretterez pas.

Fondation Henri Cartier-Bresson, 2 impasse Lebouis, 75014

portraits de femme

Petite sélection de livres pour cet été. Pour cette première sélection, j'ai choisi pour fil rouge les femmes. Les femmes dans tout leurs états. Je vous proposerai d’autres sélections prochainement. Bonne lecture les amis!

 

La tresse 

Trois femmes, trois vies, trois continents. Une même soif de liberté. Inde. Smita est une Intouchable. Elle rêve de voir sa fille échapper à sa condition misérable et entrer à l’école. Sicile. Giulia travaille dans l’atelier de son père. Lorsqu’il est victime d’un accident, elle découvre que l’entreprise familiale est ruinée. Canada. Sarah, avocate réputée, va être promue à la tête de son cabinet quand elle apprend qu’elle est gravement malade.

 

Liées sans le savoir par ce qu’elles ont de plus intime et de plus singulier, Smita, Giulia et Sarah refusent le sort qui leur est destiné et décident de se battre. Vibrantes d’humanité, leurs histoires tissent une tresse d’espoir et de solidarité. Ce premier roman de Laetitia Colombani nous démontre brillamment à travers ces trois parcours entremêlés que la condition des femmes est encore liée aux places que la société a décidé de leur donner, mais ces trois femmes acculées découvrent le pouvoir de dire non. Laetitia Colombani est aussi réalisatrice-scénariste et on retrouve dans son écriture sa capacité à écrire les images qu’elle filme d’habitude et à faire voir au lecteur chaque détail de l’existence de chacune. Ce sont ces détails qui rendent le livre si vrai et bouleversant. Elle a choisit aussi de nous montrer au delà du déterminisme dont font l’objet ses héroïnes, leur capacité de résistance. Comme si les destins tracés par les conventions sociales pouvaient être transcendés par la volonté. Et cette idée fait un bien fou. Oui, on peut changer les choses ! Il faut y croire.

La tresse, Laetitia Colombani. Grasset

 

Fairy Tale

Autre portrait de femme, celui de Coralie, jeune femme rongée par le quotidien. Le couple, les enfants, les soucis financiers... Coralie galère, Coralie se perd, Coralie se bat, Coralie gueule. Et  Coralie a un projet pour s’en sortir : inscrire Loïc à Fairy Tale, une télé-réalité sur les chômeurs.

 

Hélène Zimmer nous décrit une femme qui se débat et qui dans cette lutte quotidienne, s’est perdue. Coralie existe pour les autres, ses trois enfants, son homme au chômage depuis deux ans, son patron, petit chef atroce. Coralie cherche à maintenir le peu d’équilibre qu’elle a fabriqué autour d’elle. Elle résiste. C’est une victime pugnace et endurante. Surtout victime d’elle-même. C’est ce paradoxe qu’Hélène Zimmer met en évidence. Coralie est engluée. Hélène Zimmer nous décrit de façon implacable, violente, avec des mots crus mais qui sonnent si juste cette impasse dans laquelle se trouve son héroïne qui ne cherche même plus le conte de fée mais juste à maintenir la tête hors de l’eau.

Fairy Tale, Hélène Zimmer. P.O.L

Nous partirons

Près de l’océan, dans sa belle demeure, Nicole semble couler des jours heureux avec son mari et sa fille. Mais les apparences sont parfois trompeuses. Un malaise indicible règne dans ce trio, une tension qui semble liée au passé de Nicole et que tous se gardent bien d’évoquer. D’ailleurs, le voisin ne s’y trompe pas et décèle en cette épouse modèle une autre femme, plus instable qu’il n’y paraît. Il pourrait bien profiter de la situation…

 

Elsa Fottorino réussit le tour de force d’avoir une écriture à la fois calme et incandescente à l’image de Nicole dont la vie en apparence heureuse cache d’autres tourments. Dans ce roman il est question d’amour perdu, du bonheur conjugal apparent, parfois, (souvent ?) trompeur, de la réciprocité en amour, du temps qui passe, du délitement des sentiments. Bref de la vie.

Nous partirons, Elsa Fottorino, Mercure de France

Marlène

Coup de cœur en forme de coup de poing avec le dernier livre de Philippe Djian, Marlène, peut-être l'un de ses plus sombres.

Philippe Djian nous raconte l’histoire de Dan et Richard, deux vétérans de l’Afghanistan et amis d’enfance. Les deux hommes vivent dans la même ville depuis leur retour des zones de combat. Encore gravement perturbés par ce qu’ils ont vécu, ils peinent à retrouver une vie normale. 


Le cas de Dan est à peu près réglé, en tout cas en apparence – il s'oblige à une hygiène de vie très rigoureuse, travaille assidûment ; mais celui de Richard – bagarreur, récidiviste, infidèle – semble définitivement perdu. 
L’arrivée de Marlène, la belle-sœur de Richard, va redistribuer les cartes. Jusqu’à la tragédie? Evidemment, avec Djian, il faut s’attendre à tout et surtout au pire.
"Qu'est-ce que la normalité ? C'est l'interrogation de mon roman", précise l'auteur et son pari est réussi. Nous aussi on s’interroge avec effroi. Car Djian une fois encore réussi le pari de nous surprendre, de nous bousculer, de nous faire frémir et son style toujours autant maîtrisé sert un propos glaçant et imparable. Comme toujours les hommes sont sur le fil, comme toujours les personnages féminins sont subtils, puissants, bruts et trash. Mais comme toujours et même si Djian trace le même sillon, les mêmes obsessions, livre après livre, on est une fois de plus cueillis, interdits. À bout de souffle.

Marlène, Philippe Djian, Gallimard

FINI LES NERFS EN PELOTE : ON SE MET AU TRICOT !

Qui a dit que le tricot était ringard, ou réservé aux mamies et/ou aux vieilles filles coincées entre leur chat et leur plaid ? Erreur !

Le tricot c’est tendance ! Et ça fait un bien fou ! Moi, je vous avoue, je suis accro. Comme Julia Roberts qui a déclaré qu’entre deux prises sur les tournages elle adorait patienter en tricotant, comme le top model Clara Delevingne qui a déjà posté sur Instagram des photos d’elle tricotant… Julia, Clara et moi, même combat ;) Cela faisait des années que je rêvais de tricoter, sans oser le faire et sans savoir comment tenir une aiguille. Et puis un jour, j’ai osé, avec un prétexte en or, j’allais être tata, il fallait que je puisse tricoter pour cet enfant. J’ai donc poussé la porte d’une boutique où l’on donnait des cours près de chez moi. Je suis tombée sur une fille géniale et… très patiente (Joëlle je t’embrasse) et c’était parti pour une passion dévorante !

 

L’avantage avec le tricot c’est qu’on peut vite s’amuser, le point mousse est très facile à apprendre et à partir de là, plaids, écharpes et autres bonnets sont à portée de main, même pour les débutantes. Je vous assure le tricot c’est fantastique ! Et je vais vous expliquer pourquoi en quelques points. D’abord comme je l’ai dit, même débutantes, on peut très vite s’amuser, de nombreuses pièces sont à votre portée. Ensuite, c’est moderne et branché, fini les patrons ringards, les pulls de mamie aux couleurs ingrates et  qui grattent. La maille s’impose dans les collections ces dernières saisons (on en trouve chez Zara, chez Cos ou encore chez Missoni évidemment, bien d’autres encore). Alors pourquoi ne pas le faire soi-même ? Quelle satisfaction ! De nombreuses boutiques vous proposent des laines sublimes et des modèles tops.

 

Parmi mes préférées en ligne il y a We are knitters. Ils vendent des kits laines+patron+aiguilles très complets, un peu cher mais la qualité des laines est au rendez-vous. Dernièrement, j’ai réalisé un plaid que j’adore !

 

 

 

 

 

Mon fameux plaid...

Il y a aussi Woolkiss. Là encore, vous avez des kits et certains sont à partir de 20 euros. Parfaits pour débuter.

 

 

J’aime beaucoup également Wool and the gang, les modèles sont variés et nombreux.

Et puis il y a des petits sites beaucoup plus confidentiels mais très abordables comme woolkitfactory.gazouilliscie.fr (j’ai d'ailleurs un ensemble bonnet et snood hyper sympa que je vous ai montré sur Instagram dans un OOTD)

Enfin, autre argument à mettre au crédit du tricot et c’est un argument imparable dans nos vies de dingue : le tricot, ça déstresse ! Moi, ça me vide la tête, ça fait un bien fou ! Oui c’est de la « tricothérapie».  Fini les nerfs en pelote… Essayez, vous verrez, c’est radical ! Alors franchement, n’hésitez plus, poussez la porte des boutiques pas loin de chez vous, vous trouverez forcément des cours collectifs ou individuels (je conseille les collectifs, ça permet d’élargir son cercle d’amies et on rigole beaucoup) et si vraiment vous préférez débuter toute seule, il y a le net qui vous offre des tutoriels hyper bien faits, notamment la chaîne YouTube KnitSpirit qui est très chouette, mais vous en trouvez aussi chez les précurseurs du secteur : Phildar, Bergère de France, Modes et travaux ainsi que chez mes chouchous We are knittersWoolkiss et Wool and the gang, qui proposent aussi des tutos. Voilà les filles, j’espère vous avoir convaincues. Désormais, quand vos copines s’extasieront sur vos créations, vous pourrez leur répondre crânement : ça vous plait ? C’est moi qui l’ai fait !

 

 

 

 

 

Ma toute 1ère création, un plaid pour mon neveu…

 

 

 

Puis je me suis lancée dans la réalisation de ce teddy pour bébé, plus facile que ça n’en à l’air…

 

 

 

 

Et voilà mon 1er top, qu'est-ce que j'en étais fière !

Mon ouvrage du moment, un plaid… À vous de jouer maintenant :-) 

dans les pas des PEINTRES...

 

« On ne met pas son passé dans sa poche; il faut avoir une maison pour l’y ranger » écrivait Jean-Paul Sartre dans La nausée.

Alors justement si on allait faire un tour dans les maisons qui ont abrité nos artistes préférés pour voir ce qu’elles nous disent du passé de ces illustres hôtes car en effet, elles nous racontent beaucoup sur ces hommes et ces femmes. Elles ont encore l’empreinte de leurs habitants, on y marche dans leurs pas, on les suit sur les traces de leurs recherches, de leurs passions, de leurs tourments. J’adore me retrouver dans ces maisons d’artistes, certaines ont été conservées en l‘état, d’autres ont été transformées en musée mais toutes nous parlent d’eux, de leur vie, de leur passion, de leur engagement dans leur art mais aussi  de leurs angoisses et obsessions parfois . Et c’est très émouvant. Ces maisons étaient pour eux un havre de paix, un endroit où créer à l’abri du tumulte de la vie et j’ai l’impression lorsque je les visite que ces artistes accompagnent mes pas.

C'est aussi une façon  de découvrir plus prosaïquement leur lieu de vie, ces endroits du quotidien qui sont parfois devenus source d’inspiration que l'on retrouve dans leur tableau. C’est donc un voyage sur les traces des artistes peintres que je vous propose aujourd'hui.Un voyage à travers toute la France pour que vous puissiez toutes et tous en faire l’expérience, il y en forcément une pas loin de chez vous. Voici donc ma petite sélection des plus belles maisons d'artistes.

 

Commençons par Paris, ma ville, celle que j'adore arpenter régulièrement. Je vous emmène au  musée Eugène Delacroix.

Le peintre s’est installé au 6 rue de Fürstenberg le 28 décembre 1857, abandonnant l’atelier de la rue Notre-Dame - de- Lorette qu’il louait depuis 1844 et qui était trop éloigné de l’église Saint-Sulpice dont il devait achever la peinture murale d’une chapelle.

Le nouveau logement a un petit jardin dans lequel il fait édifier son atelier. Delacroix adore ce nouveau lieu de vie,  dès le lendemain  de l’emménagement, il témoigne dans son Journal : « Mon logement est décidément charmant. […]  La vue de mon petit jardin et l’aspect riant de mon atelier me causent toujours un sentiment de plaisir. » Delacroix meurt le 13 août 1863 et en 1928 le propriétaire, veut démolir l’atelier pour y construire un garage. C’est alors qu’une Société d’Amis d’Eugène Delacroix se constitue et obtient de louer les lieux –pour y organiser, presque chaque année, une exposition, pour assurer le rayonnement du peintre et favoriser,  grâce à des dons, les prémices d’une collection. En 1951, l’immeuble est mis en vente. N’ayant pas les capitaux nécessaires pour l’acheter, la Société vend une partie de ses collections aux Musées nationaux et se porte acquéreur des lieux. Deux ans plus tard, elle les cède à l’Etat. En 1971, il devient le musée national Eugène-Delacroix.

Quand vous ferez la visite, vous verrez que la distribution des lieux est toujours celle qu’a connut Delacroix.

La visite du musée comprend les trois pièces de l’appartement ouvertes au public, salon, chambre du peintre et bibliothèque ainsi que l’atelier et le jardin. Le jardin est un endroit absolument charmant où flâner dans les allées fleuries. Très prochainement, la salle à manger du peintre sera réintégrée dans le parcours muséographique.

Autre époque autre lieu, allons maintenant sur le chemin des impressionnistes. Je vous propose une halte à Chatou. Pour les peintres impressionnistes, l'eau est un élément essentiel, qui les a largement inspiré. Les berges de la Seine dans les Yvelines sont ainsi une terre d'élection pour Renoir, Monet, Sisley ou encore Pissarro. En 1860, on observe une forte affluence du Tout-Paris, des écrivains et des artistes à Chatou et dans les villes voisines. N’hésitez pas, une bonne balade le dimanche en bord de seine c’est toujours agréable ! Par ailleurs, ce n’est pas à proprement parler une maison mais il y a un lieu à Chatou qui était devenu sans conteste le point de rendez-vous des artistes : Le Restaurant Fournaise (et le musée Fournaise). Vous connaissez certainement sans le savoir ce lieu qui a inspiré le célèbre Déjeuner des canotiers de Renoir. Allez y faire un tour, on s’y croirait. N’hésitez pas, déjeunez sur place, le petit restaurant sur les berges vous attend. On rejoue le tableau.

Partons à 30 km de Paris maintenant pour retrouver Vincent Van Gogh. C’est une de mes promenades préférées. Arrêtez-vous à L’Auberge Ravoux, située au cœur du village d'Auvers-sur-Oise. Cette auberge a été le dernier domicile du peintre qui, en 37 ans de vie, n’a pas eu moins de 37 autres adresses aux Pays-Bas, en Belgique, en Angleterre et en France ! Mais celle-ci est particulièrement émouvante puisque c’est là, dans un grand dénuement, qu’il a peint de nombreux chefs-d’œuvre et qu’il a finit ses jours. Ce site est classé monument historique et il est aujourd’hui l’unique maison où vécut Van Gogh, préservée dans son état originel. C’est le 20 mai 1890, qu’il prend pension pour 3,50 francs par jour dans cette auberge. Il est logé sous les toits, dans une modeste mansarde de 7m2, éclairée d'une lucarne. C'est là qu’il met à sécher ses toiles, puis les empile sous son lit et dans le placard d'angle. Tout se termine les 28 et 29 juillet 1890. Théo Van Gogh assiste aux derniers instants de son frère Vincent au deuxième étage de l'auberge. Devenue « la chambre du suicidé », la chambre n°5 n'a plus jamais été relouée. En revanche, les six autres meublés, également occupés par des peintres, ont été par la suite équipés des commodités du « confort moderne ». C’est donc sa modeste chambre que l’on peut visiter. L’âme du peintre vibre encore sous les combles de l’Auberge Ravoux et dans cette Chambre n°5. On sent la présence de Van Gogh, sans le sou, seul avec lui-même et ses démons. C’est bouleversant.

Vincent Van Gogh n’a passé que 70 jours à Auvers-sur-Oise. Ce court séjour a pourtant été extraordinairement prolifique, puisque la ville, ses habitants et ses environs lui ont inspiré plus de 70 œuvres. La Maison de Van Gogh n’est pas qu’un musée où l’on peut voir sa chambre, c’est aussi un lieu de vie : aujourd’hui comme en 1890, la salle à manger accueille des convives du monde entier dans l'ambiance chaleureuse et authentique des cafés d'artistes d’autrefois. C’est très sympa et on y mange très bien ! Mais attention, il y a toujours beaucoup de monde, pensez à réserver une table si vous souhaitez y déjeuner. Terminez la visite par un passage sur la tombe du peintre. Une tombe très émouvante car il repose au cimetière du village, aux côtés de son frère Théo. Tous les deux encore unis par-delà la mort.

 

Du coté de la Normandie, je vous propose d’aller sur les traces de Claude Monet. Le peintre a vécu de 1883 à 1926, soit près de quarante-trois ans, dans sa maison de Giverny. Passionné par le jardinage autant que par les couleurs, il a conçu son jardin de fleurs et son jardin d'eau comme de véritables œuvres. En se promenant dans son jardin et sa maison, on ressent toujours l'atmosphère qui régnait chez le maître de l'impressionnisme et vous tomberez en admiration devant les compositions de fleurs partout autour de vous et  évidemment devant les nymphéas qui ont été ses sources d'inspiration les plus fécondes.

Une astuce pour éviter de patienter des heures dans la fille d’attente : prenez vos billets sur internet. La maison et les jardins de Claude Monet sont ouverts au public de mars à novembre, à partir de 9h30 jusqu’à 17h30. Si vous voulez déjeuner sur place, ce qui est très agréable, il y un restaurant « Les Nymphéas». Il est situé en face de la Maison et des Jardins. Il est installé dans une ancienne ferme du temps de Monet. Vous serez séduits par une terrasse entourée de fleurs, comme une invitation à prolonger l’atmosphère de la visite des jardins.

Autre ambiance, plus médiévale cette fois. Dans le val de Loire, à quelques mètres du château royal d’Amboise, partez sur les traces de Leonard de Vinci, au Château du Clos Lucé. La demeure, le château et le parc sont entièrement dédiés à la découverte des univers de ce génie. C’est à l’invitation de François 1er que Léonard de Vinci quitte l’Italie et s’installe dans ce château où il a vécut les 3 dernières années de sa vie. Le roi le nomme « premier peintre, architecte et ingénieur » et il met à disposition sa demeure ainsi que 1000 écus d’or par an. Léonard de Vinci est ici libre de rêver, de penser, de travailler. La visite commence en montant dans la tour de guet qui permet d’accéder à l’intérieur de la demeure. La chambre de Léonard de Vinci à une cheminée décorée des armes de France, un lit renaissance et des cabinets italiens à secrets… C’est émouvant d’imaginer l’homme scrutant par la fenêtre le château royal de son ami François 1er et c’est dans cette chambre qu’il est mort le 2 mai 1519. Le cabinet de travail est formidable car Léonard de Vinci travaillait sans cesse et on le sent ici penché sur ses nombreux dessins ou ses projets architecturaux grandioses. On poursuit avec la grande salle Renaissance, c’est là qu’il accueillait ses illustres visiteurs. On y retrouve le décor du XVe siècle avec les tapisseries, les objets renaissance (coffre, buste de François 1er). Et on termine par la cuisine de Léonard de Vinci avec pour élément central une haute cheminée restée intacte. Y sont exposés des plats ronds, une «caquetoire», chaise utilisée pour converser, et des tapisseries des XVe et XVIe siècles. Se retrouver dans ces pièces c’est partager un moment de vie d’un des plus illustres hommes de notre histoire à qui l’ont doit entre autres Sainte Anne, la vierge et l’enfant ou encore, bien sûr, La Joconde. C’est passionnant.

 

Passons à la Côte d’Azur qui a séduit tant de peintres. Il y a là bas, entre autres, la maison de RenoirC’est en novembre 1908 que Pierre-Auguste Renoir s’installe aux Collettes, à Cagnes-sur-Mer, en compagnie de son épouse Aline et de ses trois fils, Pierre, Jean et Claude. Il y fait construire une maison moderne dotée de toutes les commodités et d’un grand atelier. Les marchands de tableaux Vollard, Durand-Ruel, le collectionneur-mécène Gangnat et le peintre Albert André ont été des fidèles des Collettes. Rodin, Bonnard, Matisse et Modigliani se sont rendus dans cette maison pour voir le maître. La maison est devenue le musée Renoir et présente 11 toiles originales de Renoir, les sculptures réalisées en collaboration avec Guino, le mobilier d’époque et de nombreux souvenirs de la famille (photographies, objets). Le lieu en tant que tel est également exceptionnel, il est facile de comprendre pourquoi Renoir l’avait choisi... La maison de l’artiste est dans un parc planté d’oliviers centenaires, d’orangers, de pins parasols, d’une roseraie. Située sur les hauteurs de Cagnes, elle jouit d’un panorama à couper le souffle sur la mer, le cap d’Antibes et le village médiéval du HautdeCagnes. Cette demeure et son magnifique parc sont un témoignage unique de l’univers dans lequel Renoir a créé ses ultimes chefs-d’œuvre.

Enfin, terminons ce tour de France par la Bretagne et Gauguin. Le peintre Paul Gauguin a séjourné un an, entre 1889 et 1890 à la Buvette de la Plage, tenue par Marie Henry au Pouldu, en Clohars-Carnoët. En cette fin de XIXe siècle, la tenancière proposait aux voyageurs de se rafraîchir, de casser une graine et même de passer la nuit. Plusieurs peintres vont y rester des semaines, des mois, des années pour les plus amoureux de ces fantastiques paysages du Sud-Finistère. Gaugin, lui, est donc arrivé là en octobre 1889. Après quelques semaines à la pension Gloanec à Pont-Aven il débarque au Pouldu dans cette petite buvette-auberge tenue par Marie Henry, une femme au caractère bien trempé qui a envie de s'en sortir. Pour l'époque, elle est moderne.

Quelques chambres pour les gens de passage à l'étage et, en bas, la buvette. La maison est simple mais convient tout à fait à Gauguin qui, à ce moment de sa vie, n'a plus un sou en poche. Il a quitté Paris, sa femme et son emploi à la Bourse. Il occupe la chambre donnant sur la cour et le toit de la cuisine. Il a une petite vue sur la mer. « C'est superbe et je travaille là avec un Hollandais qui est mon élève et un très bon garçon », écrit-il. Il trouve au Pouldu de nouveaux sujets d'inspiration et cohabite avec d’autres peintres comme Meyer de Haan, Paul Sérusier et Charles Filiger. Mais la vie dans cette maison, entre ces peintres un peu bohèmes, n'est pas toujours facile. L’alcool et la cohabitation donne lieu à des tensions. Les artistes peignent partout où c'est possible. Sur les murs, au plafond... Et Gauguin  très endetté finit par quitter Le Pouldu pour Tahiti, en avril 1891.

En 1893, Marie Henry met en gérance la buvette. En gage des paiements des loyers, elle emporte avec elle toutes les œuvres laissées par le peintre. La Buvette de la plage est vendue en 1911. Elle connaîtra, ensuite, plusieurs propriétaires qui, à chaque fois, la transformeront. En 1924, un artisan découvre des peintures sous plusieurs couches de papier peint. Celles de Gauguin. « L'Oie » et « Jeanne d'Arc » seront achetées par des peintres américains de passage. C’est en 1989, à l'occasion du centenaire de l'arrivée de Gauguin au Pouldu que la commune de Clohars-Carnoët décide de faire revivre cette Buvette. Elle est fidèlement reconstituée à 50 m de son emplacement initial. La maison musée témoigne donc de ce passage dans la vie de Gauguin.

Dans le jardin à la française qu'on pouvait trouver dans les maisons du XIXe siècle, un parcours historique permet de remettre en contexte le séjour de ces illustres peintres. Une fois à l'intérieur vous verrez une maquette de la Buvette de la Plage et la visite se déroule avec une tablette numérique prêtée à l'entrée. Dans la salle à manger, après avoir traversé la très typique buvette d'époque et en positionnant la tablette au-dessus de la cheminée on voit apparaître objets et peintures, introuvables ou impossibles à obtenir lors de la reconstitution. À l'étage, les deux chambres et les toilettes, très modernes pour l'époque. Bref vous revoilà plongé avec Gauguin dans ce finistère du XIXe siècle.

Voilà pour ce premier voyage dans quelques endroits de France, sur les traces des peintres célèbres mais évidemment ce ne sont que des exemples de maisons-musées à travers le pays, il y aurait encore tant à dire : Matisse à Nice, Fragonard à Grasse, Goya à Bordeaux, Gustave Courbet en Franche-Comté… Renseignez-vous et suivez les pas de ces artistes, découvrez leurs demeures, ce sont de superbes moments de balade qui resteront gravés en vous .

D'UNE EXPO A L'AUTRE

Vous savez comme j’aime l’art et les expositions. Alors ce mois-ci, je vous propose deux expositions que je trouve formidables.

1er coup de cœur pour une exposition qui plaira j’en suis sûre aux parents comme aux enfants. À l’occasion de sa réouverture en septembre, le Musée Maillol présente la première exposition d’envergure à Paris consacrée à Ben, figure majeure de la scène artistique contemporaine en France. Ben, vous le connaissez forcément même si vous n’êtes pas amateur ou connaisseur d’art contemporain car logique dans sa démarche artistique, l’artiste a accepté de poser ses mots sur des agendas, des trousses ou des cahiers d’écoliers, ils se déclinent aussi sur des mugs et autres tee-shirts...

Depuis la fin des années 1950, Ben Vautier, plus connu sous le nom de Ben, le dit lui-même : « Je signe tout ». Une façon de parler du monde comme un tout. Avec Ben, chaque phrase nous renvoie à une question. Sur la vérité dans l’art, sur le rôle de l’artiste dans la société ou encore sur le rapport entre l’art et la vie. L’œuvre de Ben mêle l’art, la philosophie, le quotidien et c’est en cela qu’elle est unique et nous donne le sentiment d’être ludique et accessible à tous. À partir des ready-mades de Marcel Duchamp, Ben perpétue l’idée selon laquelle une œuvre d’art est reconnaissable, non pas par sa teneur matérielle, mais par sa signature. L’exposition rassemble plus de 200 œuvres issues pour la plupart de sa collection personnelle et de collections particulières.

Cette rétrospective révèle toutes les facettes de cet artiste inclassable et provocateur. Elle présente les débuts de la carrière de Ben avec une sélection d’œuvres-clés des années 1958 à 1978. Pour la partie contemporaine, Ben a eu carte blanche. Il a choisi d’y exposer ses créations les plus récentes, dont certaines sont présentées pour la première fois au public. Vous allez découvrir à cette occasion des œuvres inédites conçues spécifiquement par Ben pour cette exposition.

Musée Maillol, 59-61, rue de Grenelle, 75007 Paris

Du 14 septembre 2016 au 15 janvier 2017

Tous les jours de 10h30 à 18h30, nocturne le vendredi jusqu'à 21h30. Entrée : 12€

Le deuxième coup de cœur est pour le Centre Pompidou à Paris qui accueille jusqu’au 23 janvier une vaste rétrospective, inédite, consacrée à l'œuvre du peintre surréaliste René Magritte. L'exposition est intitulée "René Magritte - La trahison des images".

La volonté de cette exposition est de nous proposer une relecture de l'une des figures les plus importantes de l'art moderne au travers d'une centaine de tableaux, de dessins mais aussi de documents d'archives. Elle rassemble aussi bien les tableaux emblématiques de l’artiste que d'autres que nous connaissons moins. Et il faut souligner qu’elle s'inscrit dans un travail formidable entamé il y a quelques temps déjà par le centre Pompidou : la série d’expo consacrée aux figures majeures de l'art du 20ème siècle comme Edward Munch, Henri Matisse ou encore Marcel Duchamp. On parcourt les œuvres de Magritte au travers de cinq thématiques récurrentes chez lui : le feu, l'ombre, les rideaux, les mots et le corps fractionné. En suivant le fil de ces thématiques, l’exposition dévoile toute la réflexion de l’artiste autour des questions de ressemblance et de réalisme, et s’intéresse à son travail sur les représentations trompeuses du monde. Fascinant. Si vous rêvez d’une balade entre songe et réalité, entre illusions et certitudes, entre l’ici et l’ailleurs, vous allez vivre un moment unique.

les mots de la rentrée...

L’ABSENTE

Lionel DUROY

Editions Julliard

 

Une fois encore Lionel Duroy nous parle de lui, de son besoin de comprendre coûte que coûte tout ce qu’il traverse. Cette fois-ci c’est sa femme qui le quitte. Et le voilà parti pour un road-movie à la fois clinique et déglingué. On ne se remet pas si facilement d’un divorce même prévisible, Lionel DUROY fouille ses blessures jusqu’à l’obsession. Sans relâche, tout un pan de vie remis en question.

BABYLONE Yasmina REZA

Editions Flammarion

 

Comme toujours chez Yasmina REZA on retrouve ce goût de la cruauté, ce sens de l’observation sans concession et de la formule choc. Une histoire d’amitié entre voisins, sans arrière-pensées et sans ambiguïté, quand un drame survient et rompt cet équilibre. Attendez-vous à de l’inattendu… 

L'AUTRE QU'ON ADORAIT             Catherine CUSSET

Editions Flammarion

 

L'histoire d'une amitié amoureuse est le prétexte pour décrire en filigrane celui qui est tour à tour l'amant puis le meilleur ami de la narratrice et qui a fini par se suicider à 39 ans. Un ami exubérant aussi dépressif que festif. Bipolaire. Un livre débordant d'empathie qui pourtant réussit à ne jamais tomber dans le larmoyant.